Vincent Clarico l'entraîneur-éducateur

par LSA IDF / 19 août 2024 à 21:58 Mise à jour 20 août 2024 à 07:24

Vincent Clarico un entraîneur haute gamme 

"Il lui faut une présence pour le sécuriser" 

Il est l'homme qui a conduit à la première médaille d'or du sport adapté aux Jeux paralympiques de Tokyo en conduisant Charles-Antoine Kouakou au titre suprême. Un parcours idéal avec une trajectoire parfaite. Trois ans plus tard le duo fonctionne en parfaite osmose. Un entraîneur très haut de gamme, demi-finaliste aux JO d'Atlanta sur 110 m haies, trois fois champion de France en 1996, 98, 2001 et dont le record en 13"41 plaide pour sa capacité à appréhender la haute compétition.
Mais là, l'entraîneur national des relais 4x100 hommes et femmes a choisi la voie de l'excellence pour mener à bien son projet avec la FFSA pour encadre son poulain CAK. Le tandem fonctionne au sérieux et à la compréhension mutuelle. 

Nous sommes lundi et dans quinze jours à cette heure là vous allez entrer en piste à St-Denis…
 Oui et chose amusante à Tokyo lors des derniers Jeux dans un contexte particulier avec le COVID il y avait beaucoup de mouvement mais nous étions confiné sans pouvoir sortir en nous préservant de l'extérieur et là, alors que nous pourrions être au village olympique c'est le contraire, on reste sagement à l'INSEP dans cet environnement familial et convivial. CAK s'éclate dans un élément qu'il connait. Il n'est jamais aussi bien que dans la routine dans un univers connu. C'est l'idéal.

Comment voyez-vous l'évolution de CAK dans ces derniers jours ?
 Tout roule, le travail se passe bien. Il y avait un doute concernant son poids quand vous étiez venu à Antony 92.

(Une complicité de tous les instants entre l'entraîneur et son athlète) 

Il était effectivement un peu enrobé le champion…
Oui, il est revenu à 72 kg en perdant 7 kg qui se sentent. Il est très sec, presque impressionnant avec 9% de masse graisseuse. Il est vraiment affûté.

Quel a été ce régime miracle ?
 Nous avons discuté ensemble en le sensibilisant à une nutrition plus équilibrée. Il avait changé ses habitudes au CREPS en puisant un peu trop dans les sodas et les chips. Nous avons trouver des routines pour le sécuriser sachant son incapacité à prendre des initiatives, il ne sait pas alors s'occuper. Dans le cas présent il faut un déclencheur et j'ai choisi d'être présent continuellement comme ici à l'INSEP où nous partageons tout.


Le physique est donc OK mais quelles ont été les répercussions sur la piste ?
Sa valeur est devenue très intéressante avec les championnats de France N2 où il était sur les bases de moins de 47 secondes. Nous sommes partis à Talence et la mécanique s'est déréglée avec un faux départ. Sa course a donné un 48"52 qui ne correspondait pas à ce que nous attendions. Il était au taquet et on n'a rien compris. En guise de réponse il a juste argumenté "Je n'étais pas dedans" Il a fallu se débrouiller avec cela. 

Mais il s'est repris ?
Oui et même très bien en étant extrêmement concentré, très mobilisé par ce projet Paris 2024. Tout va bien. On peut résumer : pas de blessure, en bonne santé, pas de douleurs et gros entraînement.

Donc au sommet de sa forme ?
Oui mais il reste 15 jours et il faut le maintenir à son niveau en stimilant cet état. Je travaille sur tous les paramètres pour maintenir son état mais la perf est aussi physiologique.  C'est pas simple mais il est monté en puissance et il faut entretenir cela. Il a beaucoup travaillé la semaine dernière. On va relâcher un peu. 

Tous les feux sont au vert ?
Les choses sont bien enclenchées du point de vue mental, physique, psychologique. Il est au top pour sa motivation. 

On sent un entraîneur totalement investi dans sa fonction qui pourtant est complexe dans le suivi ?
 J'accompagne un athlète extraordinaire. Je ne parlerai jamais de handicap  car il est vraiment agréable de s'investir ainsi avec son athlète. Sans me substituer à ses parents, je suis comme deuxième père car je m'occupe de lui 365 jours sur 365. Je répare ses pneus de vélo, ses séances d'orthophoniste, ses cours de rattrapage, bref, je le prépare aussi à sa future vie d'homme. Sa situation m'interpelle comme ses 16 heures de transport par semaine alors qu'il faudrait qu'il puisse bénéficier d'un accueil en ESAT beaucoup plus près en trouvant un logement. Je pense à son avenir. 

Qu'est-ce qui vous motive Vincent dans cette prise en charge totale ?
La performance. Il faut être engagé, mobilisé, à fond dans le projet. Je suis entraîneur mais avant tout un éducateur. J'ai une boite à outils pour transformer ce corps qui doit dépasser ses limites.  (CAK appelle Vincent pour le repas, Vincent réagit de suite)

C'est l'heure du repas Vincent …
(Rire) Oui, il a ses habitudes et c'est bien, cela le rassure. 

Pascal Pioppi

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