(Fred et CAK se connaissent de longue date)
Fred n'a pu aller suivre CAK à Tokyo pour raison sanitaire en plein COVID. L'entraîneur du Pôle France était hélas resté à Paris en suivant cette finale paralympique qui allait couronner les efforts du tandem Drieu-Clarico. Une demi-finale parfaite et une victoire surprenante pour le monde entier sauf peut-être pour les deux coachs qui avaient préparé leur affaire avec une finesse digne d'un horloger suisse.
Cette fois, Fred, qui fait toujours tandem avec Vincent ancien sélectionné olympique sur les haies, sera bel et bien présent sur le stade de St-Denis où CAK entrera en piste le lundi 2 septembre avec une finale si tout va bien le mardi 3. Pour l'instant le champion se prépare à l'INSEP. Le point avec Frédéric.
Vous êtes tous deux autour de CAK, comment s'articule votre collaboration ?
-Vincent est le chef d'orchestre de l'entraînement, c'est lui qui prépare la montée en puissance de CAK. Je prends le relais sur les entraînements avec des séances techniques lors des stages du Pôle France en collaboration avec Vincent, grand spécialiste de l'entraînement.
Vous vous occupez avec grand soin du côté social en encadrant CAK , comment a évolué le champion depuis que vous avez lancé cette collaboration pour les Jeux ?
-Oui je m'occupe du social et c'est bien de voir que CAK évolue très positivement. Même s'il y a et c'est logique quelques faiblesses dans l'autonomie, il évolue et sait promouvoir son image. Il manque beaucoup d'apprentissages au niveau de la vie quotidienne mais on pense aussi à l'après-Jeux. Il a fait beaucoup de progrès pour s'exprimer mais là aussi l'orthophoniste a contribué à l'aider dans la prise de parole.
Pas évident car il revient de loin avec un QI qui est faible ?
-Oui mais il possède une bonne analyse même si son QI est comparable à un jeune élève de primaire. Il avance et c'est bien.
Nous avons vu CAK il y a quelques mois en surpoids, où en est-il de son état de forme ?
-Il est en très grande forme. Les kilos avec les séances de Vincent mais aussi avec la diététique sportive ont fait leur effet. Sa masse grasse est redescendue à 9%, c'est dire si il est sec et a retrouvé sa ligne de champion. Il fait à l'entraînement son temps de Tokyo sans opposition et sa dernière séance de samedi a été très impeccable. Il est bien notre CAK.
On annonce toutefois des sacrés clients pour Paris 2004 ?
-Oui, cela sera beaucoup plus costaud qu'à Tokyo. Cela viendra de partout Les cartes seront les mêmes mais il y aura des coureurs nouveaux et sans se lancer dans le jeu des pronostics, il y aura 4 ou 5 athlètes pour le podium.
Pour avoir une chance il faudra que CAK descende sous la barre des 47 secondes ?
-C'est presque une certitude. Il n'y aura pas non plus de stratégie en demi-finale car il va falloir se qualifier et faire en plus un temps pour obtenir un bon couloir. Rappellons qu'à Charléty, CAK, qui revenait toutefois de blessure, a battu son record en 47"32 mais finit seulement quatrième. C'est dire si cela va se jouer à peu de choses.
Confiant avec Vincent pour ce rendez-vous planétaire ?
-Oui bien entendu, on y croit. On a travaillé dur et Vincent qui a fait un énorme travail affine sa préparation . CAK lui est souriant, confiant, très décidé et positif.
Vous allez tous au village olympique ?
-Non, nous avons toutes les conditions pour bien se préparer à l'iNSEP. Nous avons tout sous la main. CAK a sa chambre, possibilité aussi de se faire suivre par un psychologue. Vincent travaille sereinement. Le village n'est pas un lieu idéal pour se concentrer. Imaginez que CAK se retrouve dans une chambre bruyante, il y a aussi les repas à gérer. On préfère travailler en toute sérénité. Cela convient à CAK qui a ses repères et on peut vivre avec lui ces moments importants qui demandent de la stabilité. L'INSEP est le lieu idéal. Il n'y a pas les tentations du village Là, il a ses temps bien à lui, on peut le piloter plus facilement.
Quelle est votre attente ?
-Qu'il mette en jeu tous ses acquis et surtout qu'il sorte grandi de cette expérience en étant un sportif reconnu.
(CAK et Vincent, un tandem qui se comprend parfaitement à Antony 92)
Un petit mot sur Vincent qui prépare depuis de longues années CAK à Antony ?
-Vincent est un expert de la préparation, très rigoureux. Il a totalement individualisé avec un concept propre. CAK adhère totalement. Il est en osmose avec son entraîneur, son club, ses copains. Il a beaucoup travaillé depuis Tokyo en se concentrant sur le 400 m en comprenant notre méthode pour l'amener au maximum de ses possibilités.
Tout a été réuni pour le mettre dans les meilleures condition non ?
-Oui je pense. Il a eu un entraînement spécial en cherchant à mettre du sens dans ce qu'il fait. Il reste maintenant à bien négocier les 15 prochains jours. C'est une aventure magnifique. CAK le sait.
Cap sur le Stade de France où tout a débuté Fred ?
-(Sourire) Oui l'histoire est amusante car CAK va s'achauffer sur le stade Delaune où tout a commencé. C'était la première fois que je voyais ce gosse de 14 ans et des tribunes j'ai de suite été étonné par ses qualités. Il était à l'IMED de Drancy et je suis allé le voir pour qu'il puisse bénéficier d'une entraînement. Douze ans après il va retouver ce stade mais ira affronter son destin dans un Stade de France pour courir devant son public. CAK sait qu'il court chez lui. Il attend son public.
Chose qui lui avait manqué à Tokyo ?
-Il n'y avait personne dans le stade sauf Vincent (Sourire) Il a écouté la Marseillaise avec son masque sur le visage et peu de monde. Là il va vibrer le CAK et la pression il connait. La foule il adore. Il attend ce moment avec impatience.
(Interview Pascal Pioppi)